Les intentions mal placées des véganes

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Tout le monde veut prêcher pour sa paroisse.  Chacun peut croire en son idéologie avec véhémence et souhaiter que d’autres adhèrent à ces idées parce que mon Dieu que ça changerait la face du monde et que la Terre se porterait mieux si tout le monde pensait ainsi (croit-on). C’est louable et toujours porté de bonnes intentions. Malheureusement, dans certains cas, ça ne porte pas toujours fruit…

Cet été, j’ai vu passer un événement Facebook sur ma page qui se déroulait à Québec organisé par un groupe pour la compassion animale bref, organisé par des véganes. J’ai trouvé l’idée formidable et je me suis dit que j’irais faire un tour afin de voir de quoi avait l’air la chose et peut-être échanger sur le sujet avec certaines personnes sur place.

TOUT D’ABORD, je tiens à dire que je ne fais partie d’aucun regroupement de manger végétal, d’association de véganes ou de groupes anti-cruauté, d’alimentation vivante ou frugivore ou granivore ou tout autre « vore » de ce monde. 😉 Je suis fidèle à ma vision des choses et ça me suffit, je ne ressens pas nécessairement le besoin de faire partie d’une tribu pour changer le monde ou faire passer des messages. Je change le monde une bouchée à la fois et chaque occasion qui se présente à moi, j’informe, je sensibilise et j’éduque les gens qui m’entourent afin de leur faire prendre conscience de certains enjeux dont ils ne sont peut-être pas informés. Voilà pour la parenthèse.

Bref, je me pointe audit événement, pour voir une rangée de personnes tenant des pancartes avec des photos de cochons avec des slogans du genre « ce bacon avait aussi une mère », bref, rien de bien positif. Les gens qui portaient les pancartes étaient stoïques, arborant un air grave. Sur une table tout près, des papiers informatifs sur le véganisme, un guide alimentaire végétalien et d’autres infos en lien avec le sujet.

Tout cela relevait d’une intention noble : informer les gens sur l’impact de la cruauté envers les animaux. Malheureusement, qui dit cruauté dit violence, qui dit violence dit accusations de violences et qui c’est qui est accusé vous pensez ? Monsieur-madame-tout-le-monde qui mange de la viande.

Cette ligne de piquetage n’a jamais réussi à rallier que des gens qui étaient déjà véganes, les autres passant indifféremment devant. La raison est que lorsqu’on se fait accuser d’être violents par la façon dont on mange, tout ce qui en résulte est que les sujets concernés se sentent humiliés, frustrés, en colère. On risque plus de se faire envoyer chier que d’avoir une conversation saine sur les solutions possibles afin d’éviter la cruauté animale et c’est bien dommage.

LA COMMUNICATION EST LA CLÉ DE LA RÉUSSITE

Là est mon point. Dans tout choix de communication avec un public qui n’est pas forcément rallié à notre cause, il est impératif de peser et de bien choisir nos mots. La façon dont le sujet sera présenté doit susciter la curiosité, le dialogue et ainsi créer des échanges qui mèneront à des discussions intéressantes. Je déplore un peu le fait que l’univers végane ait cette fâcheuse tendance à pointer du doigt, à accuser l’autre de ne pas être sensible alors qu’il y a matière à discuter en mettant les choses en perspective d’une autre façon.

VOIR LES CHOSES AUTREMENT

Proposer des solutions alimentaires végétales me semble approprié. Suggérer des choix de produits (vêtements, cosmétiques, etc.) sans cruauté l’est aussi. Respecter que la culture et les habitudes sont lourdement ancrées chez la plupart d’entre nous et que le changement fait peur à beaucoup de gens. Pour la majorité, changer implique de sortir de sa zone de confort et tous n’ont pas la témérité et la force nécessaires pour emboîter le pas de façon concrète, régulière et définitive. À chacun sa vitesse et surtout son droit de choisir.

Il est clair que selon nos intérêts et nos choix de vie, nous nous trouvons forcément à apporter des changements dans notre vie et cela a un impact sur notre vie sociale. Comme je le traitais dans un article précédent, il va sans dire que faire des choix qui ne sont pas acceptés par tous implique des réactions de la part de nos cercles rapprochés (famille, amis proches, etc.) et cela peut avoir un impact psychologique qui n’est pas à négliger. Il est alors important de se rappeler pourquoi vous avez fait ces choix et de voir ce qui est véritablement important à vos yeux. Les personnes qui sont très importantes et qui vous aiment vraiment continueront de vous aimer coûte que coûte.

Mais n’empêche que tout est dans la manière de faire passer le message.  Le mode de vie végane n’est pas une religion. Les foudres célestes ne s’abattront pas sur vous si vous avez un écart alimentaire en dehors de vos valeurs. Accueillez ce que vous êtes avec amour et soyez indulgents avec vous-mêmes. Personne n’est parfait et personne ne vous demande de l’être. Je vous invite donc à faire de même avec ceux qui vous entourent.

Namasté

Source image : http://framboisechocolatandco.over-blog.com/2015/06/meat-is-murder-the-smiths.html

Auteur : Sylvia Beaudry

Amoureuse de manger 100% végétal, transmetteuse d'idées et allumeuse de consciences.

6 thoughts

  1. Je suis tellement d’accord avec tout ce que tu as écrit. Certains véganes ont dans l’idée que seules des images choc peuvent faire changer les consciences mais je suis persuadée du contraire. Il faut expliquer sans juger, ne pas oublier qu’avant la majorité des veganes étaient omnivores, prouver que la cuisine végétale est savoureuse et gourmandes. Convaincre par la preuve et laisser chacun suivre son chemin et évoluer à son rythme.

  2. Je comprends ce point de vue disons moins radical, mais du côté végane, la raison d’éduquer est souvent à racine émotive.

    En tant que végane, ça touche souvent profondément ce qu’on voit comme un meurtre à chaque repas omnivore. Le manque de compassion parce qu’on ne tue pas soi-même, parce que tel animal doit être tué alors qu’un autre non en tant qu’animal de compagnie, me retourne intérieurement.

    Cela dit, ce n’est pas quelque chose que je vais parler de manière intransigeante, j’ai de la compassion parce que moi-même je n’ai pas toujours été végane et crois qu’on peut changer. Les gens autour de moi le savent, j’en parle un peu sur mon blogue, mais j’essaie dorénavant de m’entourer de gens qui partagent cette vision à cause de ma sensibilité.

    1. coucou Marie Eve
      Je comprends que tu veuilles t’entourer de personnes qui partagent la même vision que toi car tu vis peut-être le début de ton histoire végane/antispéciste et que c’est important de ne pas se sentir seul-e; je dis ça pour l’avoir vécu pendant plusieurs années. Et tu as sûrement besoin de passer par cette phase pour plus tard évoluer autrement..Je te le souhaite.
      Mais avec le temps, en ce qui me concerne, j’ai fui le milieu militant végan/antispéciste, enfin plutôt pas mal de personnes que j’ai côtoyées à cause de cet univers trop fermé aux autres, trop jugeant, trop violent; des vegans toujours à fleur de peau, hyper sensibles et intolérants au final à leur tour.. Et moi aussi j’étais comme ça; ça m’a bouffé de l’intérieur.
      Ca ne pouvait pas être constructif de cette manière.
      Alors j’ai abandonné ce milieu tout en gardant mes valeurs.
      Je ne renie pas mon passé de militant mais ça m’a trop fait de mal et je suis passé à autre chose.
      On traverse tous-tes des passages plus ou moins difficiles dans le militantisme animal; et visiblement tu es dans une phase de revendication active: pour toi-même avant tout, et pour que les gens ouvrent enfin leurs yeux et que le monde change rapidement; ce que je comprends tout à fait; mais je rejoins Sylvia qui illustre bien mon propos dans ce post.
      Vraiment, il faut s’y prendre avec ouverture d’esprit, écoute de l’autre, même si ça nous coûte parfois de le faire.
      Je ne me suis jamais aussi mieux senti que depuis le recul que j’ai sur les choses.
      De toute façon; l’exploitation animale s’arrêtera (ou pas) avec ou sans le militantisme car d’abord et avant tout c’est une affaire économique (avant même le souci écologique, c’est dire si on avance..)

      Bon courage à toi.

      1. Merci de ton témoignage! Et je comprends aussi ce que tu dis, des fois on dirait une course à qui en fait plus que les autres. Et il faut relativiser, bien d’accord…

        En fait, je suis végé/végane depuis que je suis adulte, presque 15 ans, et c’est maintenant que je ressens le besoin de m’entourer de plus de personnes qui ont ce point de vue – tannée des jokes de viandes aux repas, disons. Je ne m’éloigne pas de mes proches, mais pour les autres que je décide de laisser entrer dans ma vie, c’est devenu un critère important pour me respecter et mes valeurs. Je crois que le changement passe d’abord par soi-même pour changer le monde, comme disait Gandhi. Bonne continuation!

  3. Ok…personne n’est parfait c’est dit…en attendant comme pour tous les combats s’il n’y avait pas eu de radicaux qui ne s’étaient pas juste contentés de demander gentiment plus de droit et plus d’égalité ils attendraient encore….ça vaut pour l’abolition de l’esclavage ou pour le droit de vote des femmes par exemple…..donc ok si vous voulez pas crier trop fort pour pas effrayer c’est votre choix….mais ce sont ceux qui crient qui pourront alerter le monde et le secouer…. »Faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain » comme on dit chez nous….Heureusement qu’il y a des vegans qui nous ouvrent les portent cadenassées des abattoirs pendant que nous restons confortablement dans notre canapé à les conspuer….C’est sûr ça fait culpabiliser ça énerve. …mais c’est la réalité qui fait mal…et encore plus aux animaux….

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